Ces lignes de poésie se trouvent sur le site « Perles de Poésie » qu’anime Alix Lerman Enriquez :
http://alixlermanenriquez.eklablog.com
Pour ma part, je n’oublierai jamais que derrière leur auteure se cache une docteure en philosophie du droit, par une thèse consacrée à « Esthétique et méthodologie juridique formaliste. Pour un symbolisme esthétique appliqué au droit »… on ne se refait pas…
Nous sommes en plein été et je vous regarde corbeaux freux vous poser sur les antennes des toits, sur les tuiles morcelées de soleil, mordues par le sommeil de la nuit passée.
Corbeaux freux, bleus encore de ciel marin du jour dernier, vous faîtes le guet comme des sentinelles apprêtées dans le recueillement de votre fraîche notoriété. Parfois vous croassez, effrayés par le silence de l’aube. Vous recueillez sur votre plumage d’ébène à peine froissé des gouttes de rosée tombées la veille dans le calice des roses trémières. Vous vous abreuvez de leur solitude au goût sucré, au goût d’extrême liberté. Puis, vous prenez votre envol, corbeaux d’été, loin, très loin au dessus de la mer recomposée.
(posté le 16 juin 2017)
Je regarde la nuit sans étoiles, sans plus aucune lumière crépitante qui vienne me rappeler l’or du soleil et l’écoulement des jours paisibles d’été. Je regarde la nuit noire charbonneuse. La lune s’en est allée elle aussi, ainsi que son cortège de brûlures et de flammes qui consumaient la toile marine du ciel, formant un liseré de braises rouges, de cendres d’or à ses extrémités.
Je regarde la nuit mate, mer noire sans voile, désormais sans étoiles, désormais sans lune aussi et je tente de trouver refuge dans mes rêves roses d’enfance. Rêves naïfs illusoires où dans le miroir de ma jeunesse à présent frelatée, je retrouverais ces astres perdus, arches d’or qui illumineraient mon corps de vieille femme devenue fripée, qui éclabousseraient mes rêves d’eau douce pour l’éternité.
(posté le 9 avril 2017)
Ce matin, en longeant le quai des Bateliers à Strasbourg, j’ai pu apercevoir la silhouette crénelée, infime de la cathédrale: Effigie de dentelle encore rougeoyante à l’aurore, percée d’ouvertures comme d’augustes jalousies, comme d’immenses fenêtres dans le ciel solitaire.
J’aurais pu la toucher de mes mains, la sculpter, cette cathédrale de sable. On dirait parfois qu’elle s’effrite, qu’elle poudroie dans l’eau bleue du ciel. Ce matin, encore, j’avais l’impression que j’aurais pu passer mes doigts encore roses d’aube entre ses parois de pierre ciselées par la lumière du jour, entre ses parois de pierre tatouées, trouées du soleil doux de septembre.
J’aurais pu l’emporter comme un bibelot de sable, un dé à coudre ajusté à mon doigt, comme un minuscule édifice de pierre, navire en miniature, poreux à mon regard.
J’aurais pu la poser, aussi, au creux de la paume de ma main comme un rubis blessé si friable. Et les feuilles d’or tombées de l’arbre auraient poussé à nouveau dans les rainures de mes veines, auraient recouvert cette cathédrale de sable en miniature, l’auraient abritée de la suie du silence, des corps blessés des moineaux. Leurs plumes d’or, froissées, dressées sous la lumière orange, pareilles aux étoiles brûlées d’une nuit d’eau.
(posté le 29 septembre 2016)
Il est déjà tard ce soir et je ne sais pourquoi, j’ai eu envie d’écrire sur mon blog si longtemps délaissé. J’aime bien ce moment-là, quand les enfants sont enfin tous couchés que nous n’entendons pas même une mouche voler si ce n’est le crissement du crayon à papier de mon cher et tendre sur sa feuille blanche pour tracer quelques formules mathématiques. De mon côté, j’entends le doux vrombissement de l’ordinateur, le froissement de mes feuilles volantes qui semblent se réveiller, bruire, et presque chanter à la nuit tombée. Mais je suis la seule à pouvoir véritablement entendre cette étrange mélodie comme une musique totalement subjective, intérieure à mon être, peut-être tout simplement surréaliste.
(posté le 27 juillet 2015)