Quel droit pour quel environnement ?
Quelques impressions sur
Les usages du droit dans les recherches en matière agricole et environnementale : point de vue d’une juriste, Isabelle Doussan, Directrice de Recherche à l’INRA
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1ère séance de la nouvelle année du séminaire « Les usages du droit dans les recherches académiques en sciences humaines et sociales » le 6 novembre 2017 (thématique et programme du séminaire ici)
Le séminaire sur Les usages du droit avait initialement comme point de départ que le droit est l’une des choses les plus partagées socialement tout en étant l’une des plus « confinées » académiquement. Pour chercher à comprendre ce qui constitue les logiques des disciplines, l’une des entrées est certainement d’analyser l’ensemble des cas dans lesquels ces disciplines, à travers ses chercheurs notamment, se trouvent « confrontées ». Le point de vue d’une juriste travaillant dans un milieu exclusivement composé de non juristes, comme c’est le cas pour Isabelle Doussan, allait forcément être une pierre supplémentaire pour le constat du rapport entre la discipline juridique et les autres disciplines académiques et pour celui du rapport entre les chercheurs juristes et tous les autres chercheurs. La situation institutionnelle d’Isabelle Doussan est en ce sens « rare » – et, fait notable, telle était sa volonté – et ne pouvait pas restée inanalysée.
Sans que le cas d’Isabelle Doussan soit généralisable, il peut simplement être considéré comme « exemplaire » car singulier. De « petites perles » peuvent ainsi être ramassées au fil de ses paroles – qui pourront indigner les juristes ou les conforter dans leurs opinions – sur la portée de la recherche en droit en fonction de ses lieux de diffusion, sur la réalité de la compréhension par l’ensemble des chercheurs non juristes de ce qu‘est la recherche en droit, sur les points de communication possibles ou impossibles entre certaines catégories et de chercheurs et d’autres, en fonction et de leur appartenance à un champ disciplinaire académique et en fonction de leur posture épistémologique et idéologique à l’intérieur de ce champ (cas des économistes « orthodoxes » et des économistes « hétérodoxes » par exemple), etc. Je laisse l’auditeur ramasser celles qu’il trouvera dans les deux vidéos issues de cette intervention (les liens sont mis à la suite de ces Quelques impressions).
Mais l’intervention d’Isabelle Doussan a occasionné aussi une jolie surprise pour tous ceux qui croient que, définitivement, on peut, à travers l’analyse du droit, trouver un point d’entrée intéressant pour la connaissance de l’homme, de ses rites, de ses lois (au sens non spécifiquement juridique), non détachables vraiment du reste des pratiques sociales de l’homme… en bref, pour tous ceux qui envisagent que l’analyse du droit peut relever de la discipline anthropologique, par la révélation, comme l’a souligné Isabelle Doussan, de « faits sociaux ». Par ses recherches, et aussi par ses conditions académiques particulières de travail (au milieu et avec des « non juristes » et « pour » des non juristes – l’INRA – ) et sans doute par un tropisme personnel presque naturel semble-t-il (elle a demandé à travailler à l’INRA et a beaucoup travaillé, si on peut dire, à la création de son poste), elle est ainsi amenée à constater la façon dont le droit, par la mise en place et l’application de dispositifs spécifiques en matière agricole, a permis et favorisé la structuration des relations de l’Homme au sol et à l’environnement[1]. Ainsi des évolutions des baux ruraux, des pratiques des contrats d’intégration ou du rôle de la notion d’ « efficacité » dans le droit des engrais pesticides. Une analyse qui mérite assurément beaucoup de développements à venir… et à suivre…
[1] Voy. aussi sur cette question ce qu’a inspiré à Guerric Cipriani le visionnage du film Des lois et des hommes : http://www.ledroitdelafontaine.fr/des-lois-et-des-hommes/
L.F. novembre 2017
Voyez les vidéos du séminaire ICI