Lire les Constitutions, ouvrage coordonné par Lauréline Fontaine, l’Harmattan, collection Questions contemporaines, avril 2019, 189 p.
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Pris au sens premier, le « discours constitutionnel » est celui qui « constitue » : l’ordonnancement des pratiques, qu’il se fasse ou non de manière formelle, est ainsi (presque) toujours le ferment d’une manière pour les sociétés de s’envisager comme sociétés. Il est donc impossible de penser des règles constitutionnelles, si techniques et si formelles soient-elles, sans envisager ce qui relève avec elles précisément d’une pensée sociétale.
Cet ouvrage dévoile donc à travers le discours constitutionnel, malgré celui-ci ou au-delà de celui-ci, des récits intrinsèquement sociétaux. Ces récits sont historiques, économiques, philosophiques, juridiques, anthropologiques et engagent tous qui nous sommes individuellement et collectivement.
Les différentes contributions qui composent l’ouvrage mettent ainsi l’accent sur ce qui est révélé par le « discours constitutionnel », celui explicitement nommé comme tel, mais aussi celui lisible à travers des pratiques et de discours qui ne reçoivent a priori pas cette qualification de discours constitutionnels.
Mettre en lien la technique juridique constitutionnelle et le récit constitutionnel permet de ne pas faire l’impasse sur la question de ce que l’on fait réellement lorsqu’on écrit ou réécrit une constitution, en tout ou partie : quel est le rapport entre le constitutionnalisme et le colonialisme par exemple, et, s’il n’y en a pas de formel, quelle portée attribuer à un discours constitutionnel qui ni ne l’empêche ni ne le permet vraiment ? Si par exemple aussi on peut relever une marche inexorable du système capitaliste indépendamment de ce que disent partout les constitutions, quelle portée leur attribuer qui ne soit pas particulièrement limitée ? Si encore on peut repérer des mythologies constitutionnelles qui sont autant de questionnements philosophiques, comment penser l’ingénierie constitutionnelle qui dans l’ensemble les ignore ?
L’ouvrage Lire les constitutions est donc un jalon pour un travail approfondi de la connaissance des caractères et des enjeux des constitutions, de leur écriture et de leur réécriture.
Il comprend les contributions d’auteurs réputés pour leur intérêt et leur apport à la question de la discussion publique : Jiri Priban, Yves-Charles Zarka, Gérard Bras, Paul Jorion, Marc Abélès, etc..
Composition de l’ouvrage
- Avant-Propos, par Lauréline FONTAINE
- Réflexions préliminaires sur les approches non juridiques de la constitution, par Lauréline FONTAINE, Ninon FORSTER, Olivier PEIFFERT et Tania RACHO
- Propos d’ouverture : Penser la Constitution, par Yves-Charles ZARKA
- Constitution, fiction et littérature en Amérique latine, par Marcelo RAFFIN
- Mémoire collective, gouvernement constitutionnel et différenciation fonctionnelle de la société moderne, par Jiri PŘIBÁŇ (trad. Lauréline Fontaine)
- Constitutionnalisme et extra constitutionnalités, par Rada IVEKOVIC
- La démocratie comme régime et comme constitution, par Alice PECHRIGGL
- John Ford et le récit constitutionnel, par Gérard BRAS
- Se constituer en s’assemblant :le cas des Ochollo d’Éthiopie méridionale, par Marc ABELES
- Inventer une Constitution pour l’économie ?, par Paul JORION ET Vincent BURNAND-GALPIN
- Éléments de conclusions, par Lauréline FONTAINE, Ninon FORSTER, Olivier PEIFFERT et Tania RACHO